Les femmes dans l’ingénierie : D’outsider à experte

« Une femme ? En ingénierie ? » – Voilà la réaction qu’a souvent reçue Karin Stadler au début de son parcours d’ingénieure. Mais au lieu de reculer ou de se laisser décourager, elle a relevé le défi et s’est fait une place dans ce domaine dominé par les hommes.

Originaire des montagnes du canton d’Uri, Karin s’est passionnée très tôt pour les machines. Elle était particulièrement fascinée par les machines d’emballage — à tel point qu’à 15 ans, elle a décidé d’étudier le génie mécanique. Sur le plan émotionnel, déménager à Zurich pour ses études fut un vrai saut dans l’inconnu — non seulement à cause de la distance et du dialecte, mais aussi parce qu’elle devait trouver sa place en tant que femme dans un monde majoritairement masculin.

Après avoir obtenu son diplôme, elle a travaillé pendant 13 ans chez Bosch Power Tools à Soleure — un univers peuplé de scies sauteuses, de perceuses à percussion et de scies circulaires.

« À l’époque, c’était une situation difficile : comment s’intégrer en tant que femme dans cet environnement ? » se souvient-elle. Sa solution : se considérer comme une sorte d’outsider — un point de vue qui l’a aidée à se positionner et à tracer son propre chemin.

Aujourd’hui, Karin est cheffe du département d’ingénierie en technologie des polymères. Elle dirige une équipe de spécialistes en élastomères, comme les joints et les éléments d’amortissement, mettant à profit son expertise pour relever des défis techniques complexes.

Karin accompagne les clients dans des projets exigeants qui dépassent les solutions standards. « L’estimation des efforts, la gestion des ressources et la création de valeur ajoutée pour le client sont essentielles à la réussite. »

Elle applique la méthode Design for Six Sigma (DfSS) dans son travail, où la collaboration étroite joue un rôle clé : « Lors de la phase d’identification, nous organisons des réunions hebdomadaires avec le client, en formant une équipe de développement interentreprises, » explique Karin.

Ses projets sont aussi variés que complexes. L’un d’eux portait sur l’optimisation d’un siphon de douche écoénergétique, qui a été amélioré grâce à une géométrie innovante des lèvres d’étanchéité et à des traitements de surface avancés. Elle a également apporté son savoir-faire à la conception de joints pour un navire cargo. Le défi ? Une solution sur mesure pour un environnement extrêmement glissant avec des délais serrés. « Le passage au port de seulement 24 heures ne laissait aucune place à l’erreur lors de l’installation, » dit-elle.

Un autre projet nécessitait une liaison caoutchouc-métal conforme aux normes pour des systèmes d’eau potable. Grâce à des tests ciblés et des traitements de surface soigneusement choisis, son équipe a réussi à créer une liaison durable répondant à toutes les exigences réglementaires.

Le parcours de Karin est un bel exemple que le succès en ingénierie ne dépend pas du genre — il repose sur la passion, l’engagement et la compétence. Elle a appris à prendre sa place et à toujours donner un peu plus pour obtenir les meilleurs résultats.

Son conseil aux jeunes ingénieur·e·s : « Suivez votre rêve, laissez votre curiosité vous guider et plongez dans le monde fascinant de l’ingénierie. C’est un voyage merveilleux dans un univers qui ne se révèle qu’à la seconde lecture. »